Comment le coronavirus contribue à la pénurie de médicaments

Les pénuries entravent la capacité des patients à gérer efficacement les maladies chroniques, entraînant des dommages inutiles. Ils compliquent également le travail des prestataires de soins de santé, tels que les pharmaciens, qui doivent passer beaucoup de temps à chercher des médicaments difficiles à obtenir, et des médecins, qui doivent prescrire des médicaments alternatifs pour remplacer ceux qui ne sont pas disponibles. Les pénuries peuvent également augmenter les coûts si les traitements alternatifs sont plus chers.
Contributeurs potentiels aux pénuries
Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement dues au COVID-19 peuvent entraîner des pénuries car de nombreux médicaments et ingrédients bruts utilisés pour les produire proviennent d’Inde et de Chine. L’Inde a commencé à interdire certaines exportations de médicaments en raison de pénuries dans son propre pays.
COVID-19 peut également entraîner des pénuries du côté de la demande. Les fabricants ont du mal à répondre à la demande de sédatifs nécessaires aux patients sous respirateurs. De grands volumes de ces médicaments seront également nécessaires lorsque les hôpitaux canadiens rattraperont leur retard dans les chirurgies électives en raison de COVID-19. Par exemple, deux fabricants d’un de ces sédatifs, le propofol, ont signalé des pénuries récentes
L’hydroxychloroquine est en forte demande depuis qu’elle a été présentée comme un possible traitement au COVID-19. (Photo AP / David J. Phillip)
L’hydroxychloroquine et l’azithromycine, qui étaient présentées comme des traitements pour le COVID-19, sont suffisamment en demande pour que les organismes de réglementation professionnels aient émis des avertissements concernant la prescription inappropriée de ces produits. Depuis le 15 mars, six produits à base d’azithromycine et un fabricant d’hydroxychloroquine ont signalé des pénuries au Canada. Ce dernier de ces effets affecte les patients qui prennent de l’hydroxychloroquine pour traiter l’arthrite et le lupus.
Prévalence des pénuries
Afin d’améliorer le suivi et la réponse aux pénuries de médicaments, Santé Canada a exigé des fabricants qu’ils signalent des pénuries depuis 2017. Les pénuries ont augmenté de façon constante au cours des deux dernières années, avec 2 023 produits en pénurie en avril 2020.
Une partie de cet effet peut être attribuable au nombre croissant de produits ajoutés chaque année au marché pharmaceutique. Cela suggère que Santé Canada doit continuer d’augmenter sa capacité de surveiller et de combler les pénuries pour correspondre au nombre croissant de produits en utilisation active. Dans son rôle d’organisme fédéral de réglementation des médicaments, Santé Canada peut aider les fabricants de médicaments à combler les pénuries en examinant d’autres fournisseurs, processus, installations et lieux de production.
Pénuries prévues ou réelles, avril 2018-avril 2020. (Lorian Hardcastle et Reed Beall), auteur fourni
Réponse aux pénuries
Les pharmaciens ont signalé une précipitation pour remplir les ordonnances lorsque les mesures de distance physique sont entrées en vigueur, certains patients demandant un approvisionnement de six mois. En réponse, Santé Canada a découragé le stockage de médicaments et l’Association des pharmaciens du Canada et les gouvernements provinciaux ont fortement encouragé les pharmaciens à limiter les patients à un approvisionnement de 30 jours pour leurs ordonnances.
Bien que cela puisse aider à combler les pénuries en modérant la demande, cela augmente le coût des médicaments pour les personnes qui peuvent encourir des frais d’ordonnance supplémentaires à chaque visite. Cela affecte de manière disproportionnée ceux qui sont au chômage et qui ont des revenus inférieurs. Cela peut également nécessiter des visites plus fréquentes dans les pharmacies, ce qui peut être dangereux pour les personnes âgées qui présentent un risque accru de COVID-19 et qui ont tendance à utiliser plus d’ordonnances. Lorsque cette restriction de 30 jours est levée, la demande élevée peut encore contribuer aux pénuries.
Le gouvernement fédéral a mis en œuvre plusieurs mesures pour remédier aux pénuries liées aux COVID. Le 25 mars, il a autorisé l’adoption des règlements nécessaires pour prévenir les pénuries… ou atténuer ces pénuries ou leurs effets, afin de protéger la santé humaine. »
Cette législation permet également au gouvernement d’accorder à un fabricant une licence pour produire un médicament, même si un autre fabricant détient le brevet pour ce produit. Bien que ces licences puissent théoriquement augmenter l’offre, des défis pratiques peuvent limiter leur utilité. Par exemple, des fournisseurs alternatifs peuvent également ne pas être en mesure d’obtenir des ingrédients bruts auprès des mêmes fournisseurs étrangers.
Une solution plus pratique pourrait être l’importation et la vente de médicaments qui ne satisfont pas encore à toutes les exigences réglementaires canadiennes, ce qui est permis à la suite d’un arrêté du ministre de la Santé. Cependant, ce procédé exceptionnel n’est disponible que pour des médicaments particuliers qui répondent à certaines normes de fabrication.
Bien que les efforts du gouvernement fédéral puissent aider à atténuer les pénuries pendant le COVID-19, il devrait également saisir cette occasion pour élaborer des solutions à long terme aux pénuries, qui affectent le marché canadien des médicaments depuis des années. En raison de la mondialisation de la fabrication pharmaceutique, le gouvernement doit travailler avec l’industrie et d’autres pays pour identifier rapidement les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et y réagir, afin que les Canadiens aient un accès ininterrompu et fiable à des médicaments sûrs. Compte tenu des pressions causées par COVID-19, le moment est venu pour le gouvernement d’agir.